Héritier de la Révolution française, ce rite laïc permet de donner à un enfant un parrain et une marraine sans passer par l’église. Zoom sur une pratique en plein essor.
Une histoire mouvementée
L’histoire du baptême civil remonte à la Révolution française. Jusqu’alors, l’état civil des Français était tenu par les curés qui enregistraient naissances, mariages et décès dans les registres paroissiaux. Le 20 septembre 1792, un décret instaure l’état civil laïc, afin de lutter contre l’influence du clergé, jugé trop royaliste. Désormais, les actes seront dressés par les municipalités. Le baptême civil, aussi appelé baptême républicain, est instauré le 20 prairial an II (le 8 juin 1794). L’avocat Camille Desmoulins, figure révolutionnaire, en serait l’instigateur. L’objectif ? Fêter l’entrée des enfants dans la communauté républicaine. Tombé en désuétude, il va renaître avec le Front populaire en 1936 puis se développer à l’initiative de municipalités socialistes, dont la ville de Strasbourg. En hausse depuis les années 1990, la pratique est cependant impossible à recenser, n’étant pas reportée dans les registres. En 2019, on estime à 250 le nombre de baptêmes civils célébrés à Lyon et à plus de 400 à Paris.
Un acte purement symbolique
Acte déclaratoire, le parrainage civil n’a aucune valeur légale ou juridique. Un amendement à la loi Égalité et citoyenneté de janvier 2017 prévoyait de le reconnaître mais il a été retoqué par le Conseil constitutionnel. À l’instar du baptême religieux, le parrain et la marraine s’engagent à accompagner et à soutenir l’enfant dans sa vie future, mais cet engagement est purement moral et privé. Pour qu’ils soient reconnus comme tuteurs en cas de décès ou de défaillance des parents, un testament ou un acte notarié sous seing privé doit être rédigé. Pourquoi dès lors un tel engouement ? Témoignage de confiance vis-à-vis d’un proche, le baptême bleu-blanc-rouge est un moyen de célébrer solennellement la venue au monde d’un enfant en le faisant adhérer aux valeurs de la République. Accessible à tous, il convient particulièrement aux parents issus de confessions différentes. C’est l’occasion d’offrir un rite de passage au nouveau-né en dehors de toute connotation religieuse.
Une cérémonie à la carte
À l’inverse du baptême religieux, le cérémonial est très peu codifié. Âge de l’enfant, discours, intervenants, nombre de parrains et marraines… l’organisation est laissée à la discrétion des parents, qui n’ont pas pour obligation d’être mariés. La démarche, gratuite, s’effectue à la mairie du lieu de résidence. Bon à savoir : toutes les municipalités ne sont pas tenues d’offrir ce service. Si tel est le cas, il suffit de demander une dérogation auprès d’une autre commune. Le dossier composé des pièces justificatives doit être déposé trois semaines avant la cérémonie. Cette dernière dure une quinzaine de minutes. Après un rappel des valeurs républicaines, le maire ou l’officier d’état civil demande aux parrains s’ils acceptent de s’engager dans leur rôle de guide républicain puis remet aux parents le certificat de parrainage civil. Place ensuite aux festivités !
Il a choisi le baptême civil
Sébastien Robles, 44 ans, directeur marketing
« Mes trois fils ont été baptisés à la mairie. J’ai reçu une éducation catholique mais je me suis éloigné de la religion à l’adolescence et ma femme est athée. Lorsque notre premier fils est né, notre choix s’est naturellement porté sur le baptême républicain, en accord avec nos convictions profondes. Nous souhaitions réunir nos proches, la famille et les amis pour fêter l’arrivée du bébé en créant un moment unique et festif. C’est l’idée de renouer avec la tradition tout en cassant les codes, sans le discours du curé, la robe blanche et les dragées. C’est moins guindé et cela permet d’officialiser, même si c’est à titre intime un parrain et une marraine pour l’enfant. »
Post Facebook La saviez-vous ? Les origines du #baptême #républicain, une pratique en plein essor, remontent à 1794.
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