Déjà-vu, déjà-vécu : un phénomène courant, mais surprenant

Le déjà-vu ou le déjà-vécu est la sensation, à la fois banale et troublante, de revoir ou de revivre une scène. Environ 70 % de la population dit avoir expérimenté ce phénomène que les scientifiques peinent à expliquer.

Avoir l’impression de revivre une scène de la vie quotidienne que l’on sait pourtant n’avoir jamais vécue auparavant, c’est ce que l’on appelle le déjà-vu ou le déjà-vécu. Cette manifestation étrange touche autant les hommes que les femmes et est plus fréquente en période de stress ou de fatigue. Elle se déclare surtout chez les jeunes, entre 15 et 25 ans, et se raréfie avec l’âge. Par ailleurs, d’après une étude américaine publiée en 2003, il semblerait que ce phénomène soit plus courant chez les personnes ayant un niveau socioculturel élevé, ainsi que chez ceux qui ont beaucoup voyagé.

Plus fréquent chez les épileptiques

Chez les personnes épileptiques, le déjà-vu est un symptôme courant. L’épilepsie est une affection neurologique qui se caractérise par des crises, c’est-à-dire des décharges brusques et excessives d’influx nerveux dans le cerveau. Or, pour certain malades, la sensation de déjà-vu est annonciatrice d’une crise. Dans ce cas, c’est la perturbation électrique qui génère le phénomène. En 2012, des chercheurs français ont réussi à reproduire le mécanisme chez des patients épileptiques en stimulant le cortex rhinal, situé sous l’hippocampe. Cette région du cerveau est impliquée dans le processus dit de familiarité, qui permet de savoir que l’on a précédemment vu un visage ou une image par exemple. Chez les épileptiques, cette zone serait donc à l’origine du phénomène. Mais, en France, moins de 1 % de la population est concernée par cette maladie, et la survenue du déjà-vu touche tout monde…

Un faux souvenir…

Plusieurs théories, plus ou moins farfelues, existent pour tenter de percer le mystère du déjà-vu ou du déjà-vécu. L’explication scientifique la plus répandue est que cette impression serait liée à un dysfonctionnement du lobe temporal. Cette partie du cerveau renferme les structures impliquées dans le processus de mémorisation. Elle abrite notamment le cortex rhinal et l’hippocampe, qui est le carrefour d’entrée des informations sensorielles permettant de mémoriser et d’associer les informations dans un ensemble cohérent afin de retenir une scène. Le déjà-vu serait donc un faux souvenir dû à une erreur du cerveau, qui inscrirait une perception présente directement dans la mémoire à long terme.

… ou une vérification du cerveau

En 2016, des chercheurs du Royaume-Uni ont voulu confirmer cette hypothèse. Ils ont observé le cerveau de volontaires, grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), au moment même où ces derniers expérimentaient une sensation de déjà-vu. Pour simuler le phénomène, les chercheurs ont lu une série de mots autour de la thématique du sommeil (par exemple « lit », « rêve », « oreiller »…), sans que le mot « sommeil » lui-même soit prononcé. Ils ont ensuite demandé aux volontaires s’ils avaient entendu un mot commençant par la lettre s, puis le mot « sommeil ». Bien que celui-ci ne fasse pas partie de la série, les volontaires avaient l’impression tenace de l’avoir entendu. Les observations réalisées par IRM à ce moment-là ont contredit la théorie du faux souvenir. Les régions du cerveau impliquées dans la mémoire, et notamment l’hippocampe, ne se sont pas activées lors de l’expérience. Ce sont les zones du lobe frontal, impliquées dans la prise de décision et la résolution des conflits, qui se sont mises en fonction. Pour ces chercheurs, le cerveau vérifie la mémoire lorsqu’il existe un conflit entre l’expérience vécu réellement et celle que nous croyons avoir vécue. Le déjà-vu serait donc un signe du bon fonctionnement deu système de vérification de la mémoire. Cette nouvelle théorie, qui ne fait pas l’unanimité dans le milieu scientifique, mérite toutefois d’être explorée plus en détail.

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