Cosmétiques : peut-on se fier aux labels bio ?

Beaucoup plus respectueuse de l’environnement, la cosmétique bio utilise des ingrédients différents des produits de beauté traditionnels. Mais peut-on acheter les yeux fermés dès qu’un label bio est apposé sur l’emballage ?

Les Français se soucient de plus en plus de la composition des produits d’hygiène et de beauté. Alertés par des enquêtes menées par des associations de consommateurs comme l’UFC-Que choisir ou 60 Millions de consommateurs, qui dénoncent la présence de certaines substances comportant des risques pour la santé, ils se tournent davantage vers le bio quand il s’agit de choisir savon, shampooing, gel douche, dentifrice ou crème. Pour être sûr que des composants controversés n’entrent pas dans la fabrication du produit, les labels restent de bons repères.

Les engagements des labels bio

Un label bio est une certification délivrée par un organisme reconnu, comme Écocert et Qualité France, tous deux agréés par l’État. Il garantit l’absence d’ingrédients de synthèse (colorants, parfums, conservateurs), par exemple les parabènes, les phtalates ou encore le triclosan, accusés d’être des perturbateurs endocriniens, ces agents chimiques capables d’interférer dans le système hormonal. Il assure aussi la qualité et la traçabilité d’un produit issu de l’agriculture biologique. Enfin, il valorise certains processus de fabrication, contrôle la provenance des matières premières, atteste du respect des conditions de travail des producteurs et porte les valeurs de l’écologie. Les marques labellisées peuvent être contrôlées de manière inopinée tous les deux ans environ.

Un socle commun d’exigences

Si les exigences peuvent parfois varier selon les labels certifiés bio par les référentiels Écocert et Qualité France, tous demandent néanmoins qu’au minimum 95 % du total des ingrédients soient naturels ou d’origine naturelle (les 5 % restants font partie d’une liste restreinte). Certains sont plus intransigeants que d’autres. NaTrue, BDIH (un label allemand), Cosmebio et Nature & Progrès figurent ainsi parmi les plus stricts. Selon Écocert et Qualité France, les produits bio doivent en outre contenir au minimum 10 % d’ingrédients issus de l’agriculture biologique pour pouvoir être labellisés. Quant aux emballages, ils sont pour la plupart biodégradables ou recyclables.

Des produits bio sans label

Certaines marques de cosmétiques naturels ne cherchent pas à être labellisées. Bien qu’elles répondent aux mêmes exigences en respectant un cahier des charges similaire à celui des labels, elles tiennent à se différencier, refusant d’être assimilées aux multinationales qui commercialisent à la fois des produits certifiés bio et d’autres qui ne le sont pas. Alors, comment s’y retrouver ?

Pour s’assurer de la qualité d’un soin d’hygiène ou de beauté et éviter les perturbateurs endocriniens ou autres éléments indésirables, on peut se fier aux labels tout en sachant que, même si le bio réduit considérablement la présence de composants chimiques dangereux, certains ingrédients naturels, comme les huiles essentielles, peuvent causer des allergies. Pour les cosmétiques qui ne sont pas labellisés, on peut vérifier sur l’étiquette du produit bio que le pourcentage d’ingrédients naturels ou d’origine naturelle est de 95 % minimum.

Attention à ne pas confondre label bio et produit répondant à une charte donnée. La mention « slow cosmétique », par exemple, peut récompenser certains produits qui prônent une consommation raisonnée et écoresponsable, mais qui n’ont pas forcément de label bio. De même, la mention « cruelty free » ne garantit pas une composition sans substances chimiques, mais indique sur le fait que le produit a été conçu sans causer de souffrance animale. Cela dit, tous les labels bio interdisent les tests sur les animaux et déclarent qu’aucun ingrédient de provenance animale n’entre dans la composition du cosmétique (hormis ceux qui sont produits naturellement par les animaux, comme le lait ou le miel). Enfin, le label Vegan assure qu’il n’y a aucun ingrédient d’origine animale et qu’aucun test n’a été effectué sur les animaux.

Pour aller plus loin : Sauvonsnotrepeau.fr ; Générationscobayes.org ; Slow-cosmetique.org ; Natureetprogres.org ; Ecocert.fr ; Cosmebio.org.

Une nouvelle norme contestée

Une nouvelle norme européenne sème encore un peu plus la confusion dans la tête du consommateur, qui avait déjà du mal à s’orienter dans la jungle des labels. Appelée ISO16128, celle-ci est contestée, car elle n’exige pas de minimum d’ingrédients bio. Elle accepte 95 % d’ingrédients naturels, mais sans préciser ce que sont les 5 % restants. Certains cosmétiques peuvent ainsi bénéficier de l’appellation bio alors qu’ils contiennent des ingrédients d’origine animale, voire des perturbateurs endocriniens.

Savoir lire les étiquettes

Si vous avez de bons yeux (ou une loupe) et de solides connaissances en chimie, vous pouvez essayer de déchiffrer les étiquettes. Il faut savoir que les ingrédients y sont présentés par ordre décroissant. Le premier est donc celui qui est présent en plus grande quantité. C’est souvent de l’eau, formulée sous la dénomination « aqua ». Se retrouvent, à la fin, ceux dont la concentration est inférieure à 1 % (à partir de cette faible teneur, les ingrédients peuvent être mentionnés dans le désordre sur l’étiquette). La plupart du temps, les cinq premiers ingrédients représentent environ 80 % de la formule. Attention, méfiez-vous de la mention « sans parabènes », souvent mise en avant par les fabricants, car ces conservateurs ont pu être remplacés par d’autres produits tout aussi nocifs.

Pour en savoir plus sur la composition des produits, il existe des applications mobiles, comme Clean beauty, développée par Officinea, un laboratoire de soins cosmétiques bio. A partir d’une photographie de la liste des ingrédients présente sur le packaging, l’application décrypte la composition du cosmétique et détecte les perturbateurs endocriniens, les conservateurs dangereux, les nanomatériaux (dont les effets néfastes sur la santé humaine ne sont toutefois pas démontrés) et les allergènes. Vous pouvez aussi consulter le site Laveritesurlescosmetiques.com, qui met à disposition un moteur de recherche permettant de se renseigner sur un composant particulier ou de déterminer le profil complet d’un produit.

Bien conserver ses cosmétiques

Les cosmétiques bio n’utilisent pas les mêmes conservateurs que les produits conventionnels, mais peuvent généralement se garder aussi longtemps une fois ouverts. Il ne faut bien sûr pas dépasser la période d’utilisation recommandée après ouverture si elle est indiquée sur l’emballage. Tout produit cosmétique, qu’il soit bio ou non, doit être mis à l’abri de l’air, ne pas subir de trop grands écarts de température et ne pas être exposé directement aux rayons du soleil. Au moindre doute sur son aspect, sa couleur ou son odeur, ne l’utilisez pas. Ayez toujours les mains propres avant de vous en servir (sauf pour le savon, bien entendu). Les produits contenant plus de 10 % d’eau (crèmes, laits) ont une durée de conservation inférieure à ceux dits secs ou huileux. Les conditionnements en tube préservent davantage que les pots des risques de contamination par des bactéries, car on n’y trempe pas les doigts. Enfin, nettoyez ou changez régulièrement les accessoires de cosmétiques (pinceaux, éponges, etc.).

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