Alimentation : faut-il avoir peur des nanoparticules ?

Certains des additifs utilisés par l’industrie agroalimentaire pour améliorer la conservation des aliments, leur texture, leur apparence ou encore leur goût contiennent des nanoparticules. Ces dernières sont de plus en plus décriées, car, outre le fait que des scientifiques s’interrogent sur leur potentielle toxicité, les industriels omettent souvent de les mentionner sur les étiquettes des produits.

Bien qu’une réglementation européenne impose depuis 2015 d’indiquer clairement sur les étiquettes la mention « nanos » lorsque des nanoparticules entrent dans la composition des aliments, cette obligation n’est presque jamais respectée. Si les fabricants rechignent à en signaler la présence dans la liste des ingrédients, c’est, disent-ils, pour ne pas inquiéter inutilement le consommateur. Mais sont-elles vraiment anodines ? Leur taille minuscule, comprise entre 1 et 100 nanomètres (nm) – un nanomètre correspond à un milliardième de mètre –, leur confère pourtant le pouvoir de franchir les barrières biologiques et de s’immiscer à l’intérieur des cellules de l’organisme.

Un danger pour la santé ?

Une étude menée par des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a montré que l’ingestion de nanoparticules de dioxyde de titane (un additif alimentaire appelé E171) par des rats, dans des quantités similaires à celles absorbées quotidiennement par l’homme, avait un impact sur leur santé. Ainsi, après cent jours de traitement, 40 % des rats présentaient des lésions précancéreuses au niveau du côlon. Leur système immunitaire était par ailleurs affaibli. Ces résultats ont alerté le ministère des Solidarités et de la Santé, qui a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin de déterminer si les nanoparticules de cet additif alimentaire présentent un éventuel danger pour l’homme. Le E171 est en effet fréquemment utilisé comme colorant par l’industrie agroalimentaire.

Identifier les produits concernés

Pour éviter de consommer trop de nanoparticules, mieux vaut préférer les produits bruts aux produits raffinés et cuisiner soi-même plutôt qu’acheter des plats préparés. Le E171, par exemple, entre souvent dans la composition des yaourts, des gâteaux et des confiseries, pour les rendre plus appétissants en accentuant les couleurs ou en donnant un aspect brillant. D’autres additifs sont susceptibles de renfermer des « nanos ». C’est le cas du dioxyde de silice (E551), un anti-agglomérant qui apporte une consistance fine au sucre, au sel, à la farine ou à la poudre de cacao. On l’utilise également pour plus d’onctuosité dans les sauces, la mayonnaise, les soupes… Le nano-argent, lui, est un conservateur apprécié pour ses propriétés antibactériennes, en particulier dans la charcuterie et les pâtisseries industrielles. Enfin, les « nanos » sont présentes dans des emballages alimentaires (sacs, films plastique, bouteilles, papier aluminium) et dans les pesticides, qui migrent dans les fruits et les légumes.

Des associations telles que l’UFC-Que choisir ou Agir pour l’environnement militent pour une meilleure information du consommateur et mènent l’enquête afin d’identifier les produits pouvant contenir des nanoparticules. Agir pour l’environnement en dresse une liste sur son site Infonano.org.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’association Avicenn : Veillenanos.fr.

 

Des « nanos » dans les cosmétiques

De nombreux cosmétiques, comme les fonds de teint, les fards à paupières, les rouges à lèvres ou encore les crèmes solaires, peuvent contenir des nanoparticules. Des « nanos » de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc, par exemple, sont souvent incorporées dans les filtres des produits solaires pour les rendre plus fluides et favoriser ainsi leur pénétration. Bien que leur toxicité ne soit pas prouvée, il est déconseillé d’appliquer de la crème solaire sur une peau abîmée par un coup de soleil, les nanoparticules pouvant alors plus facilement traverser ses barrières naturelles. Mieux vaut aussi choisir les crèmes plutôt que les sprays, afin d’éviter tout risque d’inhalation. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a en effet classé le dioxyde de titane comme cancérigène possible lorsqu’il est inhalé.

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