Troubles de l’érection : n’hésitez pas en parler

Plutôt fréquents après 40 ans, les dysfonctionnements érectiles restent encore difficiles à évoquer par les patients, souvent atteints dans leur virilité et leur estime de soi. Pourtant, depuis la mise sur le marché du Viagra il y a vingt ans, la prise en charge de ces troubles aux origines multiples a beaucoup évolué et se révèle désormais particulièrement efficace.

« Les troubles de l’érection se caractérisent par un déficit érectile qui empêche d’avoir des relations sexuelles satisfaisantes depuis au moins trois mois, avec des conséquences sur le bien-être de l’homme », explique le docteur Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue, membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’Association française d’urologie (AFU). Ces dysfonctionnements concerneraient près d’un homme sur trois après 40 ans et près d’un sur deux après 50 ans. A ces âges, les troubles érectiles ne doivent pas être pris à la légère : souvent liés à l’hygiène de vie (tabagisme, sédentarité, surpoids, stress, anxiété), ils peuvent aussi annoncer la survenue d’affections plus graves, comme les maladies cardiovasculaires (atteinte cardiaque, hypertension), révéler un diabète mal contrôlé ou être induits par une sclérose en plaques, une maladie de Parkinson ou encore un déséquilibre hormonal. Mais généralement – et en particulier chez les jeunes hommes qui ne maîtrisent pas encore leurs émotions –, l’origine des problèmes d’érection est plutôt d’ordre psychologique. Les causes doivent donc être systématiquement recherchées par le médecin généraliste, qui orientera ensuite le patient vers le spécialiste compétent si cela est nécessaire. Les maladies sous-jacentes pourront ainsi être traitées et la personne recevra, en parallèle, un traitement pour remédier à ses troubles érectiles.

La révolution des IPDE-5

Associée à une amélioration de l’hygiène de vie, la prise en charge médicamenteuse permet dans la majorité des cas de retrouver une sexualité satisfaisante. Les hommes concernés ne doivent pas hésiter à en parler à leur médecin, même si c’est difficile. « Les patients se sentent atteints dans leur virilité : ils ont honte et perdent une grande partie de leur confiance et de leur estime de soi, observe le docteur Hupertan. Pendant longtemps, les solutions aux troubles de l’érection étaient limitées, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, notamment grâce au Viagra et aux médicaments commercialisés depuis son arrivée il y a vingt ans. Ces produits, que l’on appelle les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE-5), permettent d’adapter le traitement au cas par cas, en fonction des autres pathologies du patient, de ses besoins sexuels et de sa vie de couple. » Certains peuvent ainsi être pris quotidiennement, d’autres à la demande, quelques minutes à plusieurs heures avant un rapport sexuel. Et contrairement aux idées reçues, ces médicaments auraient un effet cardio-protecteur, à condition d’être suivis en continu. En cas d’échec (les IPDE-5 fonctionnent moins bien chez les patients atteints d’un diabète ancien, par exemple), viennent les traitements de deuxième intention (aprostadil), à utiliser en application locale sous forme de crème ou en injection intra-caverneuse. Même s’ils sont plus contraignants que les comprimés, ils améliorent la qualité de l’érection et permettent de retrouver du plaisir.

En dernier recours, des dispositifs mécaniques

Lorsque les traitements médicamenteux des troubles de l’érection n’ont pas l’effet escompté (ce qui peut être le cas, notamment, chez les hommes ayant subi une chirurgie de la prostate), le patient pourra se tourner vers un dispositif mécanique.

• La pose d’implants péniens. Généralement bien tolérée, cette technique nécessite une intervention chirurgicale qui consiste à introduire des cylindres flexibles dans la verge. Un dispositif de petite taille placé à côté de la vessie permet au patient de gonfler ces tiges à la demande et de retrouver une érection suffisante. L’intervention reste rare en France : on en pratique 750  chaque année.

• La technique du vacuum. Beaucoup plus contraignante, elle consiste à créer du vide dans un cylindre placé sur la verge à l’aide une pompe actionnée manuellement. L’érection ainsi obtenue sera ensuite maintenue par un anneau resserré à la base du pénis. Peu pratique, cette technique est rarement choisie par les patients.

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