Constamment sous pression, les patrons des très petites entreprises (TPE) et des petites moyennes entreprises (PME) sont particulièrement concernés par le stress, le risque d’épuisement et le sentiment d’isolement… Comment repérer et prévenir le surmenage professionnel des dirigeants ?
La souffrance au travail n’épargne pas les chefs d’entreprise. Un dirigeant de PME sur six (15,6 %) se trouve en état d’épuisement professionnel et donc grandement exposé au risque de burn out, d’après une étude scientifique menée par l’observatoire de la santé des dirigeants Amarok, fondé par Olivier Torrès, professeur à l’université de Montpellier. « Le stress et la surcharge de travail font partie du quotidien des patrons de PME et TPE, détaille Laure Chanselme, psychologue du travail chargée de la plateforme d’écoute à distance Amarok pour les dirigeants en détresse. L’incertitude du carnet de commandes de la société, le montant des charges à reverser, la pression du chiffre d’affaires, sont autant de responsabilités et de pressions qui pèsent sur les dirigeants. Ces préoccupations sont acceptées, supportées, tant que la société se porte bien, qu’il n’y a pas de problèmes qui mettent en péril l’entreprise. »
Dans l’impossibilité de s’arrêter
Mais lorsqu’un événement vient compromettre l’entreprise, comme la perte d’un gros client ou un contrôle fiscal, le dirigeant se sent alors fragilisé et néglige sa santé au détriment de la réussite de sa société. « Etymologiquement, le patron est celui qui est investi patrimonialement dans sa société, il est donc intimement lié à sa structure. Lorsqu’il a peur d’échouer, il va se mettre à travailler plus, à dormir moins, à ne plus prendre de temps pour sa famille ni pour ses amis, et encore moins pour lui, poursuit Laure Chanselme. Mais même en situation d’épuisement professionnel, il est très difficile, voire quasiment impossible pour un chef d’entreprise de s’arrêter de travailler… Dans une TPE ou une PME, il va en effet cumuler plusieurs tâches clés (les ressources humaines, la communication, le suivi commercial, la gestion…) et bien souvent l’entreprise ne peut pas fonctionner en son absence…»
Apprendre à déléguer
Pour sortir de cette spirale, la psychologue recommande aux chefs d’entreprise de consulter des professionnels de santé (psychologues ou psychothérapeutes spécialisés) et de changer l’organisation de l’entreprise pour se prémunir d’une récidive. « Il est important d’apprendre à déléguer un maximum de tâches, et d’essayer d’avoir un bras droit qui pourra reprendre l’activité en cas d’absence du patron, et le seconder au quotidien. De pouvoir prévenir les conséquences d’un problème de santé en souscrivant notamment à des assurances santé, mais aussi d’envisager un dépôt de bilan et de s’y préparer en prenant conseil auprès du tribunal de commerce pour voir s’il peut y avoir des procédures de sauvegarde ou de redressement… »
Pour l’observatoire Amarok, les risques de souffrance au travail et de burn out des chefs d’entreprise seraient probablement moins importants si l’Etat prenaient plus en considérations les particularités des TPE et des PME. « Il y a en effet une réelle méconnaissance des spécificités de ces structures et les patrons de TPE et PME pâtissent de lois et de mesures non-adaptées. Ils ont par exemple un délai de carence plus long que celui des salariés pour le versement de leurs indemnités journalières et les visites médicales avec un médecin du travail ne sont ni automatiques, ni gratuites… Ils n’ont pas droit non plus aux indemnités de retour à l’emploi s’ils perdent leur entreprise. »
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