En France, la campagne de vaccination contre la Covid-19 a débuté le 27 décembre avec le vaccin développé par Pfizer et BioNTech. Celui du laboratoire Moderna vient, à son tour, d’obtenir le feu vert de l’Agence européenne du médicament (AEM) et de la Haute autorité de santé (HAS) et d’autres devraient suivre. On fait le point.
Face à l’épidémie de Covid-19 qui a fait plus de 67 000 morts en France, l’arrivée de vaccins suscite l’espoir. La campagne a démarré le 27 décembre avec le premier vaccin autorisé, celui de Pfizer et BioNTech. Les injections ont été proposées aux personnels à risque et aux résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), puis aux soignants de plus de 50 ans ou présentant des risques de forme grave de Covid-19. Au total, plus de 247 000 personnes ont été vaccinées entre le 27 décembre et le 13 janvier. Dans un second temps, les plus de 75 ans et les personnes à risque seront concernés, avant un élargissement progressif à d’autres catégories de la population adulte. L’objectif du gouvernement est de protéger 1 million de personnes d’ici la fin janvier.
Des techniques récentes mais efficaces
Le vaccin, en stimulant les défenses immunitaires, permet de ne pas contracter la maladie car le corps est capable de se débarrasser du virus intrus. Pour y parvenir, le vaccin développé par Pfizer et BioNTech et celui de Moderna, qui affichent respectivement une efficacité de 94,5 % et 94 %, recourent à un ARN messager de synthèse. Cette technique est déjà utilisée dans le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), mais avec un ARN messager naturel. L’abréviation ARN signifie acide ribonucléique. Il s’agit d’une molécule, présente chez tous les êtres vivants, contenant un code génétique. Celui-ci indique aux cellules qui le reçoivent qu’elles doivent fabriquer une protéine particulière, le spicule – ce sont les pointes caractéristiques se trouvant à la surface du coronavirus. Les spicules ainsi générés sont inoffensifs mais ils encouragent le système immunitaire à créer des anticorps pour les neutraliser. Ces anticorps seront alors prêts à agir quand ils rencontreront le véritable virus.
La question des effets secondaires
Le choix de l’ARN messager soulève des inquiétudes et des questionnements. S’il a bien une structure quasi identique à celle de l’ADN qui contient nos informations génétiques, les spécialistes expliquent qu’il ne peut pas entrer au cœur du noyau des cellules, là où sont situés nos chromosomes. Son code est uniquement « lu » par les ribosomes qui se trouvent en périphérie de la cellule, puis il est détruit. Il ne peut donc pas modifier nos gènes. Quant aux effets secondaires, ils se manifestent généralement dans les jours qui suivent la vaccination et sont relativement classiques : rougeur, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires, frissons ou fièvre. Quelques réactions allergiques ont aussi été observées en Angleterre suite à une injection du produit de Pfizer et BioNTech. Les personnes présentant des antécédents de réactions allergiques sont donc particulièrement surveillées. En revanche, à moyen terme, les effets secondaires semblent rares, mais l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met toutefois en place un « dispositif spécifique de surveillance renforcée » des effets indésirables.
La course au vaccin face à la Covid-19
C’est exceptionnel : il a fallu moins d’un an pour développer un vaccin contre la Covid-19. Et cette rapidité a pu faire craindre des tests bâclés ou un manque de connaissances concernant les effets secondaires par exemple. Pourtant les scientifiques ont bien respecté les différentes étapes de validation d’un vaccin : recherches en laboratoire, tests sur l’animal, essais cliniques en plusieurs phases. L’Agence européenne du médicament, quant à elle, a évalué prioritairement leur efficacité et leur sécurité avant d’octroyer une autorisation de mise sur le marché (AMM). Puis, en France, c’est la Haute autorité de santé qui a donné son feu vert. De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé est chargée de la surveillance des potentiels effets secondaires. Si tout ce processus a pu se dérouler en seulement quelques mois, c’est grâce au financement massif des laboratoires privés et des institutions publiques, mais aussi à la coopération et à la mobilisation inédite des différents acteurs face à l’épidémie. Les phases de recherche et de production ont par ailleurs été exceptionnellement mises en œuvre simultanément pour offrir une disponibilité plus rapide.
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