Une femme sur dix est atteinte chaque année de cystite et 20 % présenteront un nouvel épisode infectieux dans les six mois. Pointés du doigt : les traitements antibiotiques qui perturbent la flore microbienne entraînant des infections chroniques.
Un cercle vicieux
En France, toutes les 30 secondes, une femme déclare une infection urinaire. Cystite : c’est le nom donné à cette inflammation de la vessie, touchant principalement les femmes, qui se traduit par des sensations de brûlures lors de la miction associées à des envies fréquentes d’uriner. L’origine, dans 80 % des cas : Escherichia coli, une bactérie naturellement présente dans les intestins qui colonise les voies urinaires. Auparavant, le réflexe était simple : une prise d’antibiotiques afin d’éradiquer le colibacille (la cystite étant la deuxième cause de prescription d’antibiotiques chez la femme). Mais les choses évoluent. Une étude américaine* a démontré que les bactéricides entraîneraient un taux de récidive de 40 %. Car s’ils détruisent les germes pathogènes situés dans la vessie, les antibiotiques épargnent ceux des intestins qui survivent et se propagent à nouveau. Tout en détériorant en parallèle les bonnes bactéries peuplant le microbiote. Le serpent qui se mord la queue.
Le rôle du microbiote
Les découvertes scientifiques ont ainsi permis de mettre en évidence le rôle du biofilm, sorte de « couche » sur la paroi interne de la vessie constituée de bactéries extrêmement résistantes aux antibiotiques. Ce biofilm serait à l’origine des cystites récidivantes (trois épisodes par an) très difficiles à soigner. Il y a une dizaine d’années, on ignorait tout des subtilités de la flore microbienne. Aujourd’hui, les chercheurs ont identifié le germe principal présent dans le biofilm : Gardnerella vaginalis. Causée par un déséquilibre de la flore vaginale, cette bactérie pénètre dans la vessie à la suite d’un rapport sexuel, réactivant les Escherichia coli dormants d’une précédente infection. Celles-ci recommencent à se multiplier, provoquant une autre cystite pouvant évoluer en pyélonéphrite, une infection urinaire haute qui peut être très grave. Ces résultats permettent d’expliquer pourquoi l’activité sexuelle est associée aux infections urinaires. La solution pour s’en prémunir passe avant tout par une bonne hygiène intime (voir encadré).
*Source : étude de la Washington University School of Medicine de St. Louis, du Broad Institute du MIT et de Harvard, publiée en mai 2022 dans la revue Nature Microbiology.
https://www.nature.com/articles/s41564-022-01107-x
Cinq conseils pour éviter la cystite
– Boire 1,5 l d’eau par jour minimum. S’hydrater régulièrement permet d’éviter la prolifération des germes et leur adhérence à la paroi de la vessie. En diluant l’urine, l’eau a aussi pour effet d’atténuer les sensations de brûlures.
– Opter pour des sous-vêtements en coton. Véritables nids à bactéries, les matières synthétiques empêchent les muqueuses de respirer.
– Uriner après chaque rapport sexuel. Une vidange complète de la vessie permettra d’expulser les bactéries de l’urètre.
– Lutter contre la constipation en adoptant un régime riche en fibres. La stagnation des selles favorise la prolifération des germes.
– Faire une toilette intime une fois par jour à l’eau claire ou avec un savon doux qui n’agresse pas la flore bactérienne.
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