La chirurgie mini-invasive, une technologie à la pointe

Consistant à pratiquer des incisions très petites en association avec un système d’imagerie vidéo, la chirurgie mini-invasive a de nombreux avantages comme le souligne le Pr Johanet, secrétaire général de l’Académie nationale de chirurgie.

Il y a encore 30 ans, les étudiants en médecine apprenaient que « les grandes chirurgies se faisaient avec de grandes cicatrices ». Mais c’est désormais de l’histoire ancienne depuis le développement de la chirurgie mini-invasive grâce notamment à des médecins français (voir encadré). « La chirurgie mini-invasive est basée sur la réalisation de petites incisions, par opposition aux grandes incisions (laparotomie, thoracotomie) », explique le professeur Hubert Johanet, secrétaire général de l’Académie nationale de chirurgie.

Dans la pratique, les opérations de chirurgie mini-invasive sont plus simples que les interventions traditionnelles. « On endort le patient ou on réalise une anesthésie locorégionale sur les membres. Puis on gonfle le ventre, ou le thorax pour créer un espace, on passe des trocarts de 5 ou 10 millimètres (tiges cylindriques creuses, pointues et coupantes) pour introduire la caméra et les instruments (pinces, ciseaux, instrument de coagulation, etc.) et garder l’étanchéité. Ensuite, on suit l’opération sur le moniteur, on sort l’organe quand il y a une nécessité d’ablation, on dégonfle et on ferme les petites incisions », explique le Pr Johanet.

Des indications variées

Les indications de la chirurgie mini-invasive, accessible en secteur 1, sont très larges. « Comme nous réalisons les mêmes opérations qu’avant mais avec des petites incisions, elles se sont considérablement répandues », confirme le Pr Johanet. La chirurgie mini-invasive peut ainsi être utilisée en gynécologie, en urologie, en cancérologie, en otorhinolaryngologie mais aussi pour réaliser des interventions chirurgicales digestives ou orthopédiques. « Certaines interventions sont encore réalisées en ouvrant, soit parce que le chirurgien ne s’est pas adapté, soit parce que le plateau technique ne le permet pas, soit aussi parce que la pathologie ne l’autorise pas (transplantations d’organe, traumatismes, tumeurs volumineuses). Mais à titre d’exemple, en France en 2022, plus de 60 % des interventions de chirurgie digestive intéressant l’intérieur du ventre étaient réalisées par voie cœlioscopique ! », note le Pr Johanet.

Cette technique présente de nombreux avantages. « Elle provoque moins d’agressions tissulaires et permet de réaliser une chirurgie plus précise car le chirurgien et toute l’équipe voient mieux en approchant la caméra et en grossissant l’image retransmise sur un moniteur », souligne le chirurgien. Il évoque également une réduction des douleurs, des durées d’hospitalisation et des arrêts de travail et une reprise plus précoce d’autonomie.

La chirurgie mini-invasive est aussi à l’origine d’une réduction des adhérences dans le ventre, sources d’occlusion. « Les laparotomies blanches (on ouvre et on ne trouve rien) ont disparu et les internes tout comme les chirurgiens sont mieux formés car ils peuvent revoir les interventions enregistrées », ajoute le Pr Johanet qui précise que des avancées technologiques ont encore permis de l’améliorer. « La robotique permet une chirurgie encore plus fine et diminue les durées de séjour. L’imagerie de plus en plus précise permet aussi de mieux préparer l’intervention pour faire des ablations de plus en plus électives. Par exemple pour le cancer du poumon, on n’enlève plus un lobe du poumon mais de plus en plus des segments de lobes avec les mêmes résultats carcinologiques. »

Les Français pionniers dans ce domaine
Les médecins français ont été parmi les premiers à faire l’expérience de la mini-chirurgie. « Le gynécologue Raoul Palmer a commencé à faire quelques gestes rudimentaires, notamment pour traiter la stérilité en gonflant le ventre et en passant juste une caméra et des instruments. Mais c’est surtout lorsque François Dubois a montré et publié l’ablation de la vésicule biliaire aux États-Unis en 1990, réalisée avec cette technique, que ce procédé s’est répandu partout dans le monde », explique en effet le Pr Johanet.

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