Les conditions météorologiques extrêmes : la nouvelle norme ?

Canicule, sécheresse, inondations, incendies : depuis quelques années les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient. Pour quelles raisons et comment réagir face à événements liés au réchauffement climatique ? Les réponses d’un climatologue.

L’été 2024 a une nouvelle fois été marqué par des phases caniculaires en France et dans le reste de l’Europe. Si elles ont été moins longues et moins intenses que durant l’été 2022, elles vont certainement se multiplier à l’avenir comme le révèle un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) publié le 30 novembre dernier.

La fréquence des épisodes de fortes précipitations devrait aussi augmenter dans la plus grande partie de l’Europe, entraînant une augmentation des inondations, en particulier en Europe du Nord-Ouest et en Europe centrale, et les incendies se multiplier. Les phases de sécheresses devraient aussi être plus fréquentes et plus graves. Depuis 2018, plus de la moitié de l’Europe a été touchée par des sécheresses extrêmes, en hiver comme en été, qui ne sont pas sans conséquences. Les sécheresses de 2022 ont ainsi réduit les rendements de cultures comme celles du maïs, du soja ou de l’olive. Quant aux hivers chauds, ils entraînent une faible couverture neigeuse et, par conséquent, de faibles débits fluviaux et un stockage d’eau diminué dans les réservoirs de la plupart des pays du sud et de l’ouest du continent.

Phénomène en hausse

L’augmentation de ces phénomènes météorologiques inquiétants est confirmée par Robert Vautard, climatologue et coprésident du groupe 1 du GIEC sur les éléments scientifiques pour l’analyse du changement climatique. « La communauté scientifique est unanime : les vagues de chaleur, les pluies extrêmes, les sécheresses et d’autres phénomènes climatiques liés vont devenir plus fréquents et plus intenses. À titre d’exemple, les dernières vagues de chaleur sont caractérisées par des températures plus élevées de 3 à 5 degrés par rapport à celles du milieu du XXe siècle », explique le spécialiste.

Provoqués par le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre notamment, ces phénomènes accentuent le risque de développement de maladies climatodépendantes. « C’est un vaste sujet encore en cours d’analyse mais il est vrai que les moustiques vecteurs de maladies comme la dengue ou le chikungunya ont un cycle de reproduction qui peut être complet sous nos latitudes, grâce à l’augmentation des températures ce qui favorise la multiplication de ces maladies. Très allergisant, le pollen de l’ambroisie est également plus présent avec la chaleur. Enfin, l’OMS reconnaît que l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes favorise les troubles mentaux et anxieux, en plus des catastrophes sanitaires qu’ils créent directement ».

Transition écologique : un passage obligé

Fort heureusement, de tels phénomènes peuvent parfois être mieux anticipés. « La prévision météorologique a fait des progrès considérables. On peut ainsi de mieux en mieux anticiper les vagues de chaleur, même extrêmes, quelques jours, voire une semaine ou dix jours à l’avance. J’ai été ainsi véritablement impressionné par la prévision qu’avait faite Météo France de la vague de chaleur record de 2019. En revanche, les orages, les tornades ou encore les trombes marines sont beaucoup plus imprévisibles », souligne Robert Vautard.

Pour limiter leur impact, l’accord de Paris entré en vigueur en 2016, et ratifié par 55 pays représentant au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre, vise à réduire considérablement les émissions mondiales dans le but de limiter à 2 °C voire à 1,5 °C l’augmentation de la température mondiale. « Il n’y a pas d’autres solutions que de réduire ces émissions de gaz à effet de serre soit par des moyens technologiques, soit par des moyens comportementaux au niveau collectif et mais aussi individuel. D’autre part, les pouvoirs publics peuvent jouer sur des leviers économiques concernant les extractions de carbone fossile et encourager les énergies renouvelables. La lutte contre le réchauffement climatique passe par la transition écologique. Contrairement aux idées reçues, elle n’est pas forcément un sacrifice et il faut garder à l’esprit qu’elle est bonne pour la planète mais aussi pour la santé ! », conclut Robert Vautard.

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