Permettant de prendre en charge les douleurs chroniques ou aiguës, l’algologie est basée sur des méthodes médicamenteuses mais aussi psychocorporelles, émotionnelles et sportives. Comment se déroulent les consultations ? Les réponses d’une spécialiste.
L’algologie est une discipline médicale qui évalue et prend en charge les douleurs aiguës mais aussi et surtout chroniques, quels que soient leur mécanisme et leur origine comme celles liées au cancer, à la fibromyalgie, aux migraines et à l’endométriose. Elle peut être pratiquée par des médecins comme des généralistes, des rhumatologues, des pédiatres, des anesthésistes, des gériatres ou encore des psychiatres. « C’est une sur-spécialité qui nécessite d’avoir une Capacité de médecine d’évaluation et traitement de la douleur ou une formation spécialisée transversale en douleurs et soins palliatifs. D’autres professionnels de santé comme les infirmiers peuvent aussi passer un diplôme universitaire dédié », explique le Dr Évelyne Renault-Tessier, médecin spécialiste de la douleur et des soins palliatifs à l’Institut Curie.
Les patients sont adressés à ces spécialistes de la douleur par leur médecin traitant et les algologues utilisent les méthodes les plus adaptées.
La pluridisciplinarité de l’algologie
« Le premier volet est médicamenteux et repose sur quatre paliers concernant la puissance analgésique. Le palier 1 est, par exemple, le paracétamol et le pilier 4 un palier interventionnel qui comprend en particulier les analgésies intrathécales qui consistent à injecter un médicament à l’intérieur du liquide céphalorachidien. Il existe aussi des approches non médicamenteuses comme les méthodes psychocorporelles basées sur la médiation par le corps, la méditation, la sophrologie ou des techniques d’hypnose ou d’acupuncture ». De nombreuses approches permettent de prendre en charge la sphère émotionnelle. Parmi elles figurent les thérapies courtes comme les thérapies cognitivo-comportementales. Les médecins peuvent aussi prescrire de l’électrothérapie, de la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (TMS) ou de la neurostimulation électrique transcutanée (TENS). « L’activité physique ou du moins la mobilisation associée à la kinésithérapie et à la massothérapie est aussi un traitement antalgique à part entière », souligne le Dr Renault-Tessier qui insiste sur la pluridisciplinarité de l’algologie.
De l’importance d’échanger
Relativement longues, les consultations en algologie commencent toujours par un échange approfondi permettant à la personne en souffrance d’évoquer son parcours douloureux mais aussi son retentissement au niveau social, familial et professionnel. « Cet échange est très important car il permet au patient d’évoquer la date de début de ses douleurs mais aussi leurs caractéristiques, son cheminement thérapeutique, ses attentes et ses projets de vie. Il permet d’avoir une idée précise des quatre composantes de la douleur à savoir la composante sensitive, émotionnelle, cognitive et comportementale. Après avoir recueilli tous ces éléments, nous pouvons formuler des hypothèses d’amélioration et définir des stratégies d’amélioration main dans la main avec les patients », note le Dr Renault-Tessier. Ces consultations sont complétées par des entretiens avec des infirmiers ressource douleur (IRD) et des psychologues.
Après la mise en place des méthodes de prise en charge de la douleur, des consultations régulières vont permettre de faire le point. « En moyenne, un médecin algologue voit 3 à 4 fois par an ses patients afin de procéder à une réévaluation. Les programmes d’éducation thérapeutique sont à ce titre très importants car ils permettent aux patients de mieux comprendre les mécanismes de la douleur. L’objectif de l’algologie n’est finalement pas toujours de faire disparaître les douleurs mais d’apprendre à vivre avec pour être moins impacté possible dans la vie de tous les jours », conclut le Dr Renault-Tessier.
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