Trouble auditif caractérisé par des difficultés de compréhension de la parole en milieu bruyant, la surdité cachée est liée à une atteinte non pas de l’oreille interne mais du nerf auditif. Comment la prévenir ?
Selon certaines études, une personne sur dix consultant pour une gêne auditive ne se verrait pas proposer de solutions en raison d’anomalies difficiles à identifier. La surdité cachée fait partie de ces pathologies difficiles à diagnostiquer. « Découverte assez récemment, la surdité cachée est une perte de l’audition en milieu bruyant qui n’est pas identifiée par une audiométrie faite dans des conditions habituelles », explique le Professeur Yann Nguyen, ORL à la Pitié-Salpêtrière et directeur clinique de l’IHU reConnect.
Ses principaux symptômes sont des difficultés à percevoir les paroles dans le bruit. Elle peut aussi s’accompagner d’acouphènes, d’hyperacousie et d’une fatigabilité auditive importante. Certaines personnes évoquent aussi une surcharge auditive, une intolérance aux sons complexes et une difficulté à localiser la provenance des sons.
Jeunes et seniors sont touchés
Ses causes ne sont pas liées à l’atteinte des cellules ciliées de l’oreille interne. « Elle s’explique essentiellement par une atteinte du nerf auditif ou de la jonction entre les cellules ciliées. C’est donc plus une maladie neurologique qu’une maladie de l’organe de l’audition en lui-même car elle est provoquée par une baisse de densité des fibres nerveuses et de leurs connexions aux cellules ciliées de l’oreille interne », explique le spécialiste.
Parmi les facteurs de risque figure l’âge mais les jeunes peuvent être également concernés. « Sont pointés du doigt les traumatismes sonores répétés, notamment récréatifs, survenant lors de loisirs. Ils vont endommager l’appareil auditif, qui va se réparer en partie mais pas de manière complète, et au fur et à mesure vont entraîner cette diminution des fibres nerveuses », note le Pr Nguyen. Certaines professions sont aussi à risque. C’est le cas des métiers de l’industrie, du bâtiment mais aussi les métiers de la musique et du spectacle.
Faire des pauses sonores régulières
Face à ce problème d’audition, les spécialistes disposent de moyens limités. « Aujourd’hui, il n’existe pas de solution pour régénérer les fibres ou les connexions neuronales perdues. Des traitements expérimentaux sont actuellement à l’étude et sont évalués dans des modèles animaux mais il faudra attendre plusieurs années avant de pouvoir voir leurs résultats chez l’homme », précise le Pr Nguyen qui reconnaît cependant que la surdité cachée est désormais mieux diagnostiquée.
« Il existe aujourd’hui des tests d’audition qui consistent à demander aux patients de répéter des mots non pas dans le silence, comme les tests classiques, mais dans un environnement sonore ce qui permet de mieux diagnostiquer la surdité cachée », précise le spécialiste qui ajoute que le port d’appareils auditifs peut parfois être conseillé. « Ils peuvent, chez certains patients qui n’ont pas de problèmes auditifs à proprement parler, améliorer la communication en milieu bruyant. »
Mais la prévention doit avant tout être renforcée. « Il faut limiter l’usage des baladeurs audio et bien respecter leur niveau sonore qui est limité par les normes européennes mais pas forcément ailleurs dans le monde. Il est également indispensable de faire des pauses régulières quand on se trouve dans un environnement bruyant », conseille le Pr Nguyen. Il rappelle que les sons deviennent dangereux à partir de 80 décibels. À titre d’exemples, les tondeuses ou les aboiements des chiens génèrent un niveau sonore de 90 décibels, les discothèques et les concerts de rock de 100 dB, et les klaxons et les marteaux-piqueurs de 110 à 120 dB. S’éloigner d’une source sonore est donc conseillé. « Il suffit de quelques minutes de pause. Ce n’est pas encore extrêmement codifié, mais sur des modèles animaux, on s’aperçoit que quelques minutes de pause suffisent pour éviter une accumulation des dommages au niveau de l’oreille interne ou du nerf », conclut en effet le Pr Nguyen.
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La surdité cachée, c’est entendre les sons sans comprendre les paroles, surtout en milieu bruyant. Souvent invisible aux tests classiques, elle touche aussi bien les jeunes que les seniors. Protégez votre audition : limitez le volume, faites des pauses et évitez les expositions sonores prolongées. Explications d'un #ORL de #PitiéSalpêtrière.
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