Effacer un tatouage : pas si simple

Le motif que vous avez fait tatouer sur votre peau il y a quelques années ne vous plaît plus. Pire, il vous insupporte et vous regrettez cette erreur de jeunesse. Quelques séances de laser devraient le faire disparaître, mais il faut savoir que c’est parfois compliqué et souvent douloureux.

Le laser pigmentaire est actuellement la seule solution pour gommer un tatouage sans laisser de cicatrice. Encore faut-il se montrer patient, plusieurs mois de traitement étant parfois nécessaires.

Parfois long et douloureux

Le nombre de séances de laser peut en effet énormément varier selon la densité du tatouage et sa profondeur d’incrustation. Il faut, de plus, respecter un délai de deux mois entre les séances pour éviter les cicatrices. « Certains tatouages s’enlèvent en une seule fois, quand d’autres nécessitent dix à quinze séances, précise Isabelle Catoni, membre du Syndicat national des dermatologues vénéréologues (SNDV) et de la Société française de dermatologie (SFD), car la principale difficulté n’est pas la taille du dessin, mais plutôt son épaisseur. »

Un motif léger, comme un effet de volutes ou de fumée, sera donc très facile à traiter. Ce ne sera toutefois pas une partie de plaisir : si le détatouage fait généralement moins mal que le tatouage, cela dépend de la sensibilité de chacun, mais aussi de la localisation du dessin. « Les plus douloureux à enlever sont ceux qui se trouvent sur la face interne du poignet ou de la cheville, des zones osseuses, innervées, très vascularisées et qui demandent donc beaucoup de précautions, note la dermatologue. Il est fréquent qu’il reste à ces endroits du corps comme une ombre bleutée, qui ressemble à un nuage. C’est un peu de poudre d’encre qui n’a pas été complètement éliminée par les vaisseaux lymphatiques et qui demeure apparente parce que ces derniers sont près de la surface de la peau. » Pour que la séance de laser – qui dure rarement plus de dix minutes – se passe sans trop de désagréments, une crème anesthésiante est appliquée au début, et une crème apaisante et antiseptique à la fin.

Des appareils ultrasophistiqués

L’appareil star du détatouage est le Q-Switched. Il comprend trois types de lasers, émettant des rayonnements de longueurs d’ondes différentes : le Ruby, le Yag ou l’Alexandrite, que le dermatologue choisit en fonction des pigments à atteindre et des couleurs à effacer. « Il faut considérer les encres dans la peau comme autant de rochers de couleur, trop gros pour que les cellules macrophages, chargées du « nettoyage », puissent les déplacer et les éliminer. Le laser va les aider dans leur tâche en « explosant la cible » : il transforme chaque gros rocher en sable », explique Isabelle Catoni.

Des couleurs rebelles

Attention, cependant, si vous avez un tatouage polychrome, car vous risquez d’être déçu. « Le noir, le bleu foncé, le marron et le rouge partent facilement, mais certaines couleurs, comme le bleu turquoise, le jaune, l’orange, le vert pomme ou les teintes fluo, sont impossibles à effacer », prévient la spécialiste. Sur les peaux noires, seul le Yag, qui émet des ondes infrarouges, peut être utilisé, mais il ne pourra pas enlever la couleur rouge. Autre difficulté : « Une forte densité de pigments peut créer un relief sur la peau, que le laser pigmentaire ne lisse pas. » Isabelle Catoni conseille aussi de bien réfléchir avant de faire réaliser un « maquillage permanent » et, une fois la décision prise, de s’adresser à un professionnel de l’esthétique, car ce tatouage cosmétique, qui souligne le contour des lèvres, des yeux ou encore des sourcils en introduisant un pigment (de l’oxyde fer) dans le derme à l’aide d’un appareil électrique, ne pourra pas être enlevé par un laser.

Dernière chose à savoir : bien que ce soit un acte médical, qui doit être pratiqué par un dermatologue spécialement formé, apte à poser un diagnostic et à utiliser les appareils en fonction de la peau du patient, la séance de détatouage, dont le prix peut varier entre 50 et 200 euros, n’est pas remboursée par la Sécurité sociale.

Pour plus d’informations sur les lasers dermatologiques, consultez le site de la Société française de dermatologie (SFD) : Dermato-info.fr, rubrique « Techniques et traitements », puis « Les lasers dermatologiques ».

Une œuvre d’art sur la peau

Selon les résultats d’une étude Ifop pour le Syndicat national des artistes tatoueurs (Snat) publiés en janvier 2017, 7 millions de personnes sont tatouées en France, soit 14 % des plus de 18 ans, et 61 % se disent prêtes à retenter l’expérience. Pour certains, se faire tatouer est un acte fort qui marque leur émancipation et leur permet de s’affirmer. Ils se sentent mieux dans leur peau une fois qu’elle est tatouée. Pour d’autres, cela correspond à un souvenir qui doit rester gravé à jamais. Enfin, pour une majorité de Français (55 %), loin d’être une simple fioriture, un tatouage est une véritable œuvre d’art qui magnifie le corps.

Une découverte qui pourrait améliorer le détatouage

Une expérience sur des souris a permis de mieux comprendre la raison pour laquelle les tatouages résistent au temps. En étudiant la queue de ces animaux sur laquelle un tatouage avait été effectué, les chercheurs de l’Inserm*, du CNRS** et de l’université d’Aix-Marseille ont remarqué que, lorsque les cellules porteuses des pigments mouraient, ces derniers étaient transmis aux cellules remplaçantes. « Il reste à déterminer si le modèle de capture-libération-recapture des pigments de la persistance du tatouage s’applique aux humains », indiquent cependant les scientifiques. Ils ont également constaté que les cellules porteuses des pigments étaient des cellules immunitaires (macrophages), ayant pour rôle d’absorber les substances étrangères afin de les éliminer. Les pigments des tatouages étant trop gros pour être évacués, le laser est utilisé pour les fragmenter et permettre ainsi leur évacuation par les vaisseaux lymphatiques. « Le détatouage via cette technique laser peut probablement être amélioré par l’élimination temporaire des macrophages présents dans la zone du tatouage, observent les chercheurs. Ainsi, les particules fragmentées de pigment générées au moyen des impulsions laser ne seront pas immédiatement recapturées : cet état augmente la probabilité de les voir évacuées par les vaisseaux lymphatiques. »

* Institut national de la santé et de la recherche médicale.

** Centre national de la recherche scientifique.

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