L’homéopathie totalement déremboursée en 2021

Fidèle à ses engagements, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a suivi les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et décidé le déremboursement total des médicaments homéopathiques d’ici deux ans.

Agnès Buzyn l’a confirmé au début de l’été : l’homéopathie ne sera bientôt plus prise en charge par la Sécurité sociale. Le taux de prise en charge passera de 30 à 15 % en 2020, puis à 0 % au 1er janvier 2021. Comme elle s’y était engagée, la ministre de la Santé a suivi les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) malgré la popularité de ces spécialités utilisées par un Français sur dix. Fin juin, la commission de transparence de la HAS s’était prononcée en faveur du déremboursement au motif que l’efficacité des médicaments homéopathiques n’était pas suffisamment démontrée. Pour parvenir à cette conclusion, les experts de la Haute Autorité avaient analysé près de 1000 publications et étudié l’efficience et les effets indésirables de plus de 1 200 médicaments remboursables ainsi que leur place dans la stratégie thérapeutique et la gravité des pathologies pour lesquelles ils sont consommés. Conclusion : non seulement les preuves de l’efficacité de l’homéopathie manquent, mais les maladies concernées sont bénignes et guérissent spontanément en quelques jours. En outre, si la grande majorité de ces traitements sont vendus sans ordonnance et sont donc déjà non remboursés, ceux pris en charge à 30 % ont tout de même représenté « 126,8 millions d’euros » de dépenses pour l’Assurance maladie en 2018.

Fin du régime d’exception

Jusque-là, la France restait, avec la Suisse, le seul pays d’Europe à prendre en charge ces spécialités. Depuis une trentaine d’années, l’homéopathie bénéficiait même d’un régime particulier dans l’hexagone : c’était le seul traitement médicamenteux à ne pas être soumis à l’évaluation régulière de la HAS sur son service médical rendu et sur l’intérêt ou non de poursuivre son financement par la solidarité nationale. Un régime particulier qui remonte à 1984, date à laquelle la ministre de la Santé d’alors, Georgina Dufoix, décide, pour développer l’industrie de l’homéopathie, de la rembourser sans passer par la Haute Autorité de santé. Depuis, la question de la pertinence de sa prise en charge revient régulièrement sur le tapis. Elle se traduira finalement en mars 2018 par la publication, dans Le Figaro, d’une tribune signée par 124 professionnels de santé réclamant la fin du remboursement des médecines alternatives, homéopathie comprise. Le débat ainsi relancé, Agnès Buzyn choisit d’interroger la HAS sur le maintien du régime d’exception.

Les labos inquiets

On le voit, la ministre de la Santé est donc restée sourde aux doléances des laboratoires homéopathiques. Fin juin, ces derniers avaient expliqué qu’un tel remboursement menaçait directement 1 300 emplois (1 000 chez le français Boiron et 300 chez les deux autres, le français Lehning et le suisse Weleda). Dans un communiqué publié cet été, le groupe Boiron, leader mondial de l’homéopathie, annonce qu’il fera « tout pour combattre » la décision « incompréhensible » d’Agnès Buzyn. Qu’importe, le déremboursement progressif, cette « période de transition », permettra justement aux industriels de « s’organiser » et de « se laisser le temps de la pédagogie et d’accompagner les patients », a expliqué la ministre à nos confrères du Parisien dans une interview mise en ligne début juillet. Si elle « comprend l’attachement des Français à ce type de traitements », Agnès Buzyn estime néanmoins qu’il « faudrait peut-être travailler à l’idée qu’il n’est pas toujours nécessaire de prendre un médicament ».

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