Covid-19 : les asthmatiques doivent absolument poursuivre leur traitement de corticoïdes

Au regard des données actuelles, les personnes asthmatiques ne sont pas surreprésentées parmi les victimes du nouveau coronavirus. Mais elles doivent impérativement poursuivre leur traitement de corticoïdes. C’est la seule façon de contrôler leur asthme et d’éviter la détérioration de la défense bronchique qui les rendrait plus vulnérables en cas d’infection.

Que les personnes souffrant d’asthme se rassurent : « Pour le moment, elles ne sont pas surreprésentées parmi les victimes du coronavirus, explique la professeure Cécile Chenivesse, pneumologue, cheffe du service de pneumologie et immuno-allergologie au CHU de Lille. De même, au regard des données dont on dispose actuellement, il n’y a pas d’association entre le fait d’être asthmatique et celui de présenter des formes plus graves de Covid-19. » Si le risque semble effectivement moindre chez les personnes atteintes d’asthme de formes légère à persistante, il pourrait en revanche, selon le Haut conseil de la Santé publique (HCSP), être plus élevé chez les asthmatiques sévères. « Ces patients sont ceux qui ne répondent pas bien aux traitements classiques et qui ont besoin de fortes doses, précise la professeure Chenivesse. Mais ces formes particulières ne représentent qu’un tout petit pourcentage des cas d’asthme, de l’ordre de 5 % seulement. »
Quoi qu’il en soit et dans tous les cas, les personnes asthmatiques doivent impérativement poursuivre leur traitement, répètent, depuis le début de la crise sanitaire, les pneumologues de l’association Asthme et allergies, mais aussi ceux de la Société de pneumologie en langue française (SPLF) ou les allergologues de la Société française d’allergologie (SFA).

Maîtriser l’inflammation bronchique

La bonne observance des traitements est, à ce jour, la seule façon de maîtriser l’inflammation bronchique et de limiter les exacerbations d’asthme (crises aiguës). « On sait que le bon contrôle des symptômes limite les risques de présenter une poussée d’asthme en cas d’infection virale », rappelle Asthme et allergies. En clair : la véritable inquiétude des spécialistes est qu’un asthmatique contracte le Covid-19 lorsque son asthme n’est pas contrôlé, c’est-à-dire à un moment où la défense bronchique est moins bonne. Ce qui le rendrait alors, théoriquement, plus vulnérable au coronavirus et davantage susceptible de développer des complications.
Pour les formes persistantes d’asthme, un traitement de fond quotidien, associant un bronchodilatateur de longue durée d’action et des corticoïdes (anti-inflammatoires stéroïdiens) inhalés est indispensable, rappellent les pneumologues. Petite précision d’importance : contrairement à ce qui a été observé avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens (dits « AINS », tels que l’aspirine et l’ibuprofène), les corticoïdes inhalés « n’exposent pas à un risque d’infection virale respiratoire plus sévère en général et d’infection par le Sars-cov-2 (Covid-19, ndlr) », précise la SFA. Les patients peuvent donc continuer à les prendre sans inquiétude.

Questionnement sur les corticoïdes oraux

En revanche, les corticoïdes oraux (comme le Solupred, par exemple), ceux que l’on prend au long cours dans le traitement de l’asthme sévère, sont suspectés d’induire des formes plus graves de Covid-19 en cas d’infection. « Mais c’est encore purement théorique, tempère la professeure Chenivesse, cela n’a pas été observé. » Ici aussi, le traitement doit donc absolument être maintenu « à la dose minimale efficace », souligne la SFA. L’arrêter pourrait en effet être dommageable. Les spécialistes de l’asthme sévère qui suivent ces malades savent très bien comment gérer la corticothérapie orale au long cours pendant l’épidémie, c’est à eux « de mesurer le bénéfice risque au cas par cas », ajoute Cécile Chenivesse.
Les corticoïdes oraux sont également prescrits sur des périodes plus courtes pour traiter les périodes d’exacerbation de la maladie. Là encore, les abandonner pourrait être néfaste à la personne asthmatique. « Or, on voit certaines situations où les médecins attendent les résultats de tests au Covid-19 avant de débuter les corticoïdes oraux sur les exacerbations d’asthme : il ne faut surtout pas faire ça, conclut Cécile Chenivesse. Le traitement doit toujours être commencé sans attendre, que le patient soit infecté par le coronavirus ou pas. » C’est sa vie qui en dépend.

Attention aux risques de confusion entre symptômes d’asthme et d’infection par le coronavirus
Avec le printemps débute la saison des pollens qui est synonyme, pour de nombreux Français allergiques, d’épisodes fréquents de rhinite, de conjonctivite et/ou d’asthme. « Provoquant toux et sifflement, ces symptômes peuvent être confondus avec ceux du Covid-19 », avertit la Fédération française d’allergologie. Celle-ci appelle donc les personnes qui se savent allergiques « à bien évaluer la nature des symptômes » et à ne penser au coronavirus que si ces derniers sont différents « de ceux habituellement ressentis ». Pour rappel, le Covid-19, dans sa forme la plus classiquement décrite, se manifeste par un syndrome grippal, c’est-à-dire de la fièvre, de la fatigue, des frissons, de la toux, des maux de tête diffus, voire une gêne respiratoire. A cela s’ajoute aussi la perte du goût et de l’odorat, sachant que tous ces symptômes ne sont pas systématiques. Dans l’asthme, les symptômes de toux ou de gêne respiratoire ne sont pas permanents et interviennent par crises, ce qui n’est pas le cas dans l’infection au Covid-19. Avec ce virus, ces symptômes persistent plusieurs jours et peuvent s’aggraver très rapidement. Dans tous les cas, des difficultés à respirer, surtout associées à un sentiment d’asphyxie, doivent conduire à appeler le 15. Pour les crises d’asthme classiques, suivez votre protocole habituel et appelez votre médecin traitant.

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