Cinq règles pour préserver ses fonctions cognitives

Avec l’âge, les fonctions cognitives peuvent diminuer. Il devient alors difficile de rester concentré, de mémoriser des informations ou de suivre une conversation. Heureusement, avoir une bonne hygiène de vie et garder une activité sociale et intellectuelle constituent des pistes sérieuses pour préserver ses neurones.

1. Entraîner sa mémoire

Plus on stimule son cerveau, plus ce dernier est performant. Les industriels l’ont bien compris et proposent des jeux, des méthodes ou des guides pour améliorer ses capacités cérébrales. Si les promesses sont alléchantes, c’est surtout le fait « d’avoir des activités intellectuelles au sens large qui est bénéfique », souligne le professeur Marc Verny, chef du service de médecine gériatrique à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et membre du conseil scientifique de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG). Les personnes qui maintiennent leur cerveau actif sont en effet moins sujettes au développement de maladies neurodégénératives. L’explication se trouve ce que l’on appelle la réserve cognitive. « Ce concept désigne l’ensemble des réseaux et connexions entre les cellules cérébrales, les neurones, créés par toutes les activités menées lors de la vie, précise le professeur. Cela peut s’être constitué lors d’acquisition de connaissances scolaires comme pendant la vie professionnelle ou lors des loisirs. Ces activités développent une sorte de réserve intellectuelle qui permet de compenser le vieillissement naturel ou la détérioration des facultés provoquée par certaines maladies comme l’alzheimer. On peut aussi faire un parallèle avec l’ostéoporose, par exemple. Si l’on a pratiqué une activité physique régulière tout au long de sa vie, le squelette est plus résistant, la réserve de masse osseuse est plus importante et on est donc mieux protégé contre les effets de l’ostéoporose. » Scrabble, jeux de logique, mots croisés, jeux vidéo, mais aussi jardinage, bricolage ou cuisine, chacun peut choisir l’activité stimulante qui lui convient. « L’important est d’y trouver du plaisir et de la motivation », ajoute le spécialiste.

2. Pratiquer une activité physique régulière

Les autorités sanitaires recommandent de faire au moins trente minutes d’activité physique, d’intensité modérée à élevée, au moins cinq jours par semaine. Suivre cette préconisation aide à conserver un corps en bonne santé, mais est aussi bénéfique pour le cerveau. « L’organisme est un tout, explique le professeur Verny. L’activité physique a un impact positif sur tout le corps, et elle permet plus particulièrement de limiter le développement des facteurs de risque vasculaire qui peuvent être à l’origine d’un accident vasculaire cérébral (AVC), par exemple. » L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l’activité physique comme « tout mouvement corporel produit par les muscles qui requiert une dépense d’énergie – ce qui comprend les mouvements effectués en travaillant, en jouant, en accomplissant les tâches ménagères, en se déplaçant et pendant les activités de loisirs ». Là encore, à chacun de trouver l’activité qui lui plaira.

3. Avoir une alimentation équilibrée

« Les études épidémiologiques ont montré les bienfaits sur le cerveau du régime méditerranéen, indique le chef du service de médecine gériatrique. Les oméga 3 pourraient aussi être bénéfiques, mais ils sont moins documentés. Pour le cerveau, comme pour l’organisme en général, le mieux est d’avoir une alimentation équilibrée. » Le Programme national nutrition santé (PNNS) propose justement huit repères clés nécessaires à un bon équilibre alimentaire : cinq portions de fruits ou de légumes par jour ; trois produits laitiers par jour ; des féculents à chaque repas, en quantité variable selon l’appétit ; de la viande, du poisson ou des oeufs une ou deux fois par jour ; des matières grasses en quantité limitée ; des produits sucrés ponctuellement et en quantité raisonnable ; peu de sel ; de l’eau à volonté pendant et entre les repas. Enfin, il est conseillé de limiter sa consommation d’alcool.

4. Rester actif socialement

Il est primordial de conserver du lien social tout au long de sa vie. « Avoir une conversation avec une autre personne mobilise de multiples processus, comme l’anticipation, le souvenir et, bien sûr, le langage, observe le professeur Verny. Entretenir des relations donne aussi envie de se retrouver et de partager des activités qui stimulent le cerveau et donc aident à maintenir les facultés cognitives. » En plus d’être bon pour le moral, prendre un café avec une amie, se retrouver au cinéma, au club d’échecs ou à l’association locale est bon pour le cerveau.

5. Surveiller son audition et sa vue

Une étude menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et publiée en 2015 a montré que les personnes souffrant d’un trouble de l’audition non corrigé présentaient un déclin cognitif significativement plus important que les personnes ayant une bonne audition. « On peut penser qu’une personne qui entend moins bien va peu à peu restreindre sa vie sociale, analyse Marc Verny. Elle va moins communiquer avec les autres, va rester chez elle ou arrêter certaines activités. Cet isolement social a certainement un lien avec ce déclin. » En ce qui concerne la vue, « le déficit sensoriel risque de couper la personne d’un certain nombre d’activités, comme la lecture, ce qui aura un retentissement sur le fonctionnement cognitif », prévient le professeur. Surveiller régulièrement son audition et sa vue est donc important pour préserver ses fonctions cognitives. Les autorités sanitaires recommandent de réaliser un dépistage de la presbyacousie à partir de 55 ans et d’indiquer à son médecin généraliste si l’on ressent l’un des signes annonciateurs d’une surdité : mauvaise audition dans un environnement bruyant, difficulté à suivre une conversation à plusieurs, besoin de monter le niveau sonore de la télévision… Un bilan ophtalmologique est préconisé tous les deux à trois ans pour les adultes.
Benoît Saint-Sever

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