Pornographie : comment protéger nos enfants ?

Avec Internet, les images et les vidéos pornographiques sont désormais accessibles à tous. Or, ces contenus peuvent avoir des conséquences toxiques sur la vie sexuelle et amoureuse future des enfants et des adolescents. S’il existe des outils efficaces pour limiter l’accès des plus jeunes à certains sites, les parents doivent rester vigilants, notamment en privilégiant le dialogue et la mise en garde.

Via Internet, les réseaux sociaux et les smartphones, les enfants et les adolescents sont confrontés de plus en plus tôt à la pornographie. C’est ce que confirme une étude de l’Ifop publiée au mois de mars : aujourd’hui, l’âge moyen du premier visionnage d’un film X se situerait entre 11 et 14 ans, et pour de simples images à caractère sexuel, la confrontation se ferait même autour de 10 ans. Un phénomène qui n’est pas sans conséquences, surtout pour les plus jeunes. « Chez les enfants avant la puberté, l’intrusion de la sexualité, notamment par les images, est particulièrement délétère, explique le docteur Daniel Marcelli, psychiatre et président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées (SFPEADA). La sexualité est une affaire d’adultes, de personnes pubères, qui ont dans leur corps et dans leur tête une vie sexuelle possible et réalisable. Les enfants ne sont pas dans cette situation. Avec ces images, ils se trouvent confrontés à une excitation qu’ils ne comprennent pas, qui n’a pas de sens et qui ne trouve pas d’aboutissement. Pour eux, c’est profondément violent, perturbant et destructeur. » D’après l’étude de l’Ifop, 55 % des jeunes âgés de 15 à 17 ans estiment d’ailleurs qu’ils étaient trop jeunes au moment où ils ont visionné une vidéo pornographique pour la première fois. En outre, 18 % des filles et 12 % des garçons pensent que ces images ont influencé leur sexualité « plutôt de façon négative ».

Apprentissage de la relation amoureuse

A la fin de la puberté, les conséquences ne sont pas les mêmes. Vers 13-14 ans, le corps devient apte à la reproduction. C’est le moment où l’on entre dans l’apprentissage de la relation amoureuse et sexuelle, qui, pour être épanouissante, doit être synonyme de tendresse, d’émotions et d’amour. « La sexualité est un ensemble qui met du temps à se construire dans le corps et dans la tête, précise le docteur Marcelli. Elle ne se réduit pas à la performance, à l’éjaculation ou à l’orgasme comme on le voit dans les films pornographiques. Quand ils sont saturés par ces images violentes, où l’autre – la femme en particulier – n’est qu’un objet, les adolescents risquent de s’enfermer dans un type de relation qui ne peut pas être satisfaisant. » Les jeunes s’imaginent que ces pratiques sont les seules possibles, surtout s’ils n’ont jamais pu en parler librement à la maison. C’est la raison pour laquelle les pédopsychiatres conseillent aux parents de privilégier le dialogue et de répondre à l’enfant (sans devancer ses questions) dès qu’il commence à s’interroger. « Vers 5-6 ans, quand l’enfant demande comment on fait les bébés, il faut lui répondre, recommande le psychiatre. Après, chacun est libre d’utiliser les métaphores où les mots avec lesquels il est le plus à l’aise, sans forcément entrer dans les détails. C’est en grandissant que l’enfant posera des questions plus précises. Il faudra alors lui répondre le plus simplement possible. »

Une vision positive de l’amour

Avant de parler de la pornographie et de l’image dégradante qu’elle donne à l’acte sexuel, on commence par évoquer ce qui est beau, en donnant une vision positive de l’amour et de la relation amoureuse. Une relation qui se construit à deux et s’épanouit dans le partage et le respect de l’autre. « Ensuite, il faut mettre l’enfant en garde, progressivement, vers 9-10 ans environ. Lui dire qu’en allant chercher des réponses sur Internet, ou même tout simplement en surfant, il risque de tomber sur des sites qui montrent des gens en train d’avoir des relations sexuelles violentes, vulgaires, mais que ces images ne sont pas la vérité de la relation humaine amoureuse. Dans la pornographie, l’autre n’existe pas, il est nié, c’est juste un instrument. »
Enfin, pour limiter la confrontation avec de telles images, on peut aussi installer un logiciel de contrôle parental sur l’ordinateur (lire l’encadré). Cependant, ces protections ne sont utiles qu’un temps. L’adolescent finira toujours par chercher à les contourner pour satisfaire sa curiosité et, la plupart du temps, il y parviendra. D’où l’importance, encore une fois, d’avoir déjà évoqué le sujet, bien en amont.

Quels outils techniques pour le contrôle parental ?

Plusieurs solutions techniques sont facilement accessibles pour éviter que vos enfants ne tombent sur des images pornographiques en faisant des recherches sur Internet. Vous pouvez par exemple régler les filtres de recherche Google. Pour cela, cliquez sur l’onglet « Paramètres » situé en bas à droite de la fenêtre d’accueil Google, puis allez dans « Recherche avancée » pour sélectionner « Filtrer les résultats à caractère sexuel explicite » dans la catégorie « SafeSearch ». Pour un filtrage encore plus sûr, dans le menu « Recherche avancée », rendez-vous dans « Personnaliser les paramètres de recherche ». A partir de là, activez les filtres SafeSearch et verrouillez-les avec un mot de passe. Votre enfant n’aura plus accès à ces filtres et ne pourra donc pas les modifier.
Autre solution : utilisez le bloqueur de publicité proposé (souvent gratuitement) par votre navigateur. Cet outil empêche les fenêtres pop-up de s’ouvrir instantanément lorsque l’on cherche des contenus sur les sites de streaming ou de téléchargement illégal (ces images pop-up sont très souvent issues de sites pornographiques).
Vous pouvez aussi choisir d’installer le contrôle parental intégré aux logiciels antivirus. Grâce à lui, vous interdisez l’accès aux sites reconnus pour leur activité pornographique. Il existe même des versions pour les tablettes. Enfin, sachez que la plupart des fournisseurs d’accès à Internet proposent des contrôles parentaux.

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