Un vrai-faux sur le haut potentiel intellectuel 

On les dit hypersensibles, solitaires ou en échec scolaire… Pourtant, la recherche dresse un tout autre tableau des « surdoués ». Ces profils à haut quotient intellectuel présentent une grande diversité de parcours et de personnalités. Tour d’horizon des croyances les plus tenaces.

On repère les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI) avec le test sur le quotient intellectuel (QI)

Vrai. Les neuropsychologues font passer un test d’intelligence, souvent l’échelle de Wechsler. À partir d’un résultat égal ou supérieur à 130, ils concluent à un haut potentiel intellectuel. Il ne s’agit pas d’un trouble, aucun « diagnostic » n’est posé.

Le seuil de 130 de QI fait débat

Vrai. « Il existe une certaine variation dans la mesure, d’environ six points. Certains scientifiques proposent donc d’abaisser le seuil à 120. Mais d’autres le souhaitent plus élevé, à 145 », explique Nicolas Gauvrit, chercheur en sciences cognitives à l’université de Lille

D’autres définitions existent

Vrai. Plusieurs approchent visent à élargir la définition actuelle au-delà du QI. « Le modèle des trois anneaux de Joseph Renzulli est souvent cité, reprend Nicolas Gauvrit. Pour être haut potentiel, il faut non seulement une intelligence élevée, mais aussi de la créativité et de l’engagement dans une tâche. » Fanny Nusbaum, docteure en psychologie et chercheuse associée à l’Université Lyon 1, propose aussi le terme « philo-cognitif », afin de désigner « une personne qui présente une forte appétence pour le domaine de la pensée et de la connaissance, détaille-t-elle. Mais cela ne signifie pas qu’elle a un QI plus élevé. D’un autre côté, quelqu’un doté d’un QI très élevé est probablement un philo-cognitif ».

Le nombre de « surdoués » est en augmentation

Faux. Le QI est régulièrement réétalonné pour que la moyenne reste à 100 et le haut potentiel concerne donc toujours 2,3 % de la population. Selon Fanny Nusbaum : « L’impression d’augmentation naît du fait qu’on en parle de plus en plus, depuis une quarantaine d’années, lorsque le psychologue Jean-Charles Terrassier a vulgarisé ce sujet. »

Il s’agit d’un mode de pensée différent

Faux. On parle parfois de la pensée « en arborescence » des personnes HPI : elle se déploierait simultanément dans de multiples directions. Mais cette croyance n’a pas de fondement scientifique. Les recherches sur l’attention montrent que celle-ci ne peut se diviser. En revanche, on peut noter un lien entre l’intelligence et une pensée souvent plus « divergente », c’est-à-dire avec des associations d’idées vastes ou rapides.

L’hypersensibilité est un trait caractéristique

Faux. « En 2023, une équipe néerlandaise1 a développé une échelle d’hypersensibilité et l’a utilisée pour étudier la différence entre les personnes HPI et le reste de la population. Les scientifiques n’ont pas trouvé de différence globale significative », souligne Nicolas Gauvrit.  

Un tiers des enfants HPI est en échec scolaire

Faux. Une analyse de 20212, incluant 48 558 sujets, a conclu que de plus grandes aptitudes cognitives offrent généralement un avantage dans les domaines professionnel, éducatif, sanitaire et social.

Les personnes HPI rencontrent davantage de difficultés relationnelles

Faux. Nicolas Gauvrit s’est penché sur le sujet : « Le sentiment d’être différent existe. Mais, avec mon collègue Franck Ramus [directeur de recherche au CNRS, NDLR], nous avons analysé les données de près de 250 000 personnes au Royaume-Uni3 : parmi elles, les HPI ne sont pas plus isolés, ni plus sujets à des sentiments négatifs dans la sphère sociale. Il s’agit néanmoins d’une moyenne et tout dépend de l’environnement. »

Les filles sont moins repérées

Cela reste à prouver. Les données récentes manquent sur ce sujet. « On dit que les filles HPI sadaptent plus, qu’elles cherchent davantage à être dans la norme, admet Fanny Nusbaum. Mais cela me paraît beaucoup moins vrai aujourd’hui qu’il y a 20 ans, elles se permettent désormais d’exprimer leur personnalité. »

1 De Gucht, V., Woestenburg, D. H. A., & Backbier, E. (2023). Do gifted individuals exhibit higher levels of Sensory Processing Sensitivity and what role do openness and neuroticism play in this regard? Journal of Research in Personality

2 Brown, M. I., Wai, J., & Chabris, C. F. (2021). Can You Ever Be Too Smart for Your Own Good? Comparing Linear and Nonlinear Effects of Cognitive Ability on Life Outcomes. Perspectives on Psychological Science

3 Williams, C. M., Peyre, H., Labouret, G., Fassaya, J., Guzmán García, A., Gauvrit, N., & Ramus, F. (2022). High intelligence is not associated with a greater propensity for mental health disorders. European Psychiatry

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On parle souvent des personnes HPI comme hypersensibles, solitaires ou en échec… Pourtant, la recherche montre une réalité bien plus nuancée. Le QI reste l’outil principal mais les profils sont variés : créativité, engagement, appétence pour la pensée… Le HPI, c’est avant tout une diversité de parcours. On démêle le vrai du faux.
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